Jean-Pierre Guinhut est un ancien diplomate français. Plus précisément, il a notamment été ambassadeur de France en Azerbaïdjan, entre 1997 et 2001. Il a ainsi succédé à ce poste à Jean Perrin (1992-1996). De la même façon que son prédécesseur, Jean-Pierre Guinhut va cultiver une véritable fascination pour l’Azerbaïdjan qui, de retour en France, l’amènera à intégrer une structure centrale du lobby de la dictature.

Jean-Pierre Guinhut, de la même façon que Jean Perrin, a connu l’Azerbaïdjan de Heydar Aliyev, père de l’actuel président Ilham Aliyev, dans un contexte où le pays avait été durement défait lors de la Première Guerre du Haut-Karabagh, et avait perdu le contrôle du Haut-Karabagh.
Publiquement, donc, le diplomate représentait la position de la France, membre du Groupe de Minsk. En avril 1999, il remettait une lettre à l’ancien président de la dictature, affirmant d’abord que le rencontrer était « un grand honneur », puis dévoilant en partie le contenu du courrier, à savoir entre autres que « Jacques Chirac a insisté aussi sur le retour des réfugiés azerbaïdjanais du Haut-Karabagh sur leurs terres ».

Jean-Pierre Guinhut a également profité de son poste en Azerbaïdjan pour assouvir sa fascination pour la « culture orientale », et a même publié un article dans la revue « Azerbaijan International » en 2000 à propos des écrits du poète Nizami, désormais mobilisé par la diplomatie de la dictature d’Aliyev dans le cadre de sa politique de soft-power, pour faire la promotion du régime et ainsi le blanchir de ses crimes contre son peuple et contre les Arméniens.


Mais l’action de Jean-Pierre Guinhut en tant qu’ambassadeur de France en Azerbaïdjan ne s’arrêtait pas à la diplomatie culturelle, aux belles paroles et aux promesses de coopération, puisqu’en 1999, il s’était également réjoui de l’exclusion par le Sénat de la question de la reconnaissance du génocide arménien de son agenda. Il avait alors affirmé que « retirer la loi sur le génocide arménien de l’agenda du Sénat est dans l’intérêt de la France », sans doute par peur de froisser ses nouveaux amis azerbaïdjanais.

Jean-Pierre Guinhut est retraité depuis 2010, après avoir été diplomate en poste au Qatar (1975-76), en Iran (1980-82 ; 1988-93), en Libye (1982-85), aux Etats-Unis (1985-88 ; 2001-02) et en Afghanistan (2002-2005). D’après son profil LinkedIn, il est depuis cette date conseiller du Maître d’ouvrage pour la restaurant du Palais Bayram, à Tunis, dont il serait copropriétaire.


Néanmoins, de retour en France, Jean-Pierre Guinhut n’a pas oublié l’Azerbaïdjan, et a décidé de s’impliquer dans l’une de ses principales structures de lobbying en France : l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan, dont il était, encore en 2018, membre du Conseil d’administration.

Par ailleurs, il se rend encore aux événements organisés par la représentation diplomatique de la dictature d’Ilham Aliyev. En 2013, il était présent à la célébration du 90ème anniversaire de Heydar Aliyev, dont il a salué la mémoire aux côtés de Jean Perrin, autre grand admirateur du despote, déclarant d’après AzerNews qu’il « était l’un des politiciens les plus éminents et compétents, ainsi qu’un brillant leader de la nation ».

En lien direct avec des acteurs de l’influence azerbaïdjanaise en France, comme Shahla Aghalarova, dont nous évoquons le rôle trouble en marge des événements de Nouvelle-Calédonie en 2023, comme le montre son profil Instagram, Jean-Pierre Guinhut participe encore aux événements de l’ambassade.

En octobre 2023, par exemple, il était présent aux côtés de l’ambassadrice de l’Azerbaïdjan en France, Leyla Abdullayeva, lors du concert du pianiste Elchin Shirinov, organisé par l’association Dialogue France-Azerbaïdjan.


Concernant l’expression de ses opinions pro-azerbaïdjanaises, si Jean-Pierre Guinhut est plus discret que son ancien collègue Jean Perrin – qui serait le créateur de l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan – il n’en demeure pas moins un soutien du régime d’Aliyev sur ses réseaux sociaux. Ainsi, durant et après la Guerre des 44 Jours en octobre-novembre 2020, il se fait le relais de la vision biaisée azerbaïdjanaise, qui tentait, entre autres, de concentrer l’attention du public sur les bombes tombées dans la ville de Barda, en Azerbaïdjan, tandis que des civils arméniens étaient décapités par les forces azerbaïdjanaises, et qu’un processus de nettoyage ethnique complet de la population arménienne de la région était mis en place par la dictature.

De la même façon, dans un même effort d’indignation sélective et d’inversion accusatoire, Jean-Pierre Guinhut relayait les arguments de propagandistes azerbaïdjanais comme le photographe Reza Deghati, selon lesquels les Arméniens auraient perpétré un « génocide culturel » dans le Haut-Karabagh, dans un contexte où les Azerbaïdjanais détruisaient toute trace de la présence arménienne millénaire dans le Haut-Karabagh.



Il a également partagé et soutenu sur Facebook le courrier de Jérôme Lambert, partisan assumé d’Ilham Aliyev et président de l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan, en décembre 2020, qui appelait à ne pas reconnaître l’indépendance du Haut-Karabagh suivant la Guerre des 44 Jours.

Le 2 novembre 2024, Jean-Pierre Guinhut était assis à côté de Leyla Abdullayeva, ambassadrice d’Azerbaïdjan, lors du concert dédié au « Jour de la Victoire » organisé à Paris dans la salle Cortot pour fêter la victoire militaire de novembre 2020. Ainsi, il célébrait avec les représentants d’un tyran la victoire d’un nationalisme raciste, et l’expulsion totale d’un peuple de son territoire ancestral.
