Merci à Actu.nc d'avoir publié notre tribune dans le n°524 de leur hebdomadaire, "contre la manipulation des luttes d'indépendance de Nouvelle-Calédonie par l'Azerbaïdjan" ! 

Tribune libre "Contre la manipulation des luttes d'indépendance de Nouvelle-Calédonie par l'Azerbaïdjan", Actu.nc, 3 avril 2024

Vous en trouverez le texte ci-dessous:

CONTRE LA MANIPULATION DES LUTTES D’INDÉPENDANCE DE NOUVELLE-CALÉDONIE PAR L’AZERBAÏDJAN

Faire diversion, déstabiliser, et influencer pour faire évoluer son image dans l’espace public international : trois subterfuges utilisés par l’Azerbaïdjan en 2023, alors qu’elle se rendait coupable de nettoyage ethnique de l’Artsakh (ou Haut-Karabagh), territoire ancestral arménien.

Si nous nous exprimons aujourd’hui dans ces colonnes, ce n’est pas simplement pour dénoncer le mensonge de la dictature azerbaïdjanaise, héritée de père en fils, d’Ilham Aliyev. Non, il s’agit davantage de dévoiler la vaste manipulation dont ont été victimes ou sont parties prenantes certains activistes indépendantistes, à Tahiti, en Martinique, en Corse, en Guyane, mais aussi en Nouvelle-Calédonie.

Le 6 juillet 2023, l’Azerbaïdjan, secrétaire général du Mouvements des Non-Alignés depuis 2019, lance la création du "Groupe d'Initiative de Bakou". Il se définit comme une organisation internationale constituée de plusieurs mouvements indépendantistes cooptés par Bakou et dont le but est d’organiser des rencontres avec des personnalités politiques, partis politiques et associations luttant contre le colonialisme français, ainsi que de relayer et organiser des évènements et manifestations.

Le moment n’est pas choisi au hasard : l’Azerbaïdjan fait blocus sur les 120 000 Arméniens d’Artsakh depuis déjà près de sept mois, empêchant le passage des personnes, vivres et médicaments, et prépare une offensive afin d’en expulser la population indigène arménienne. Le nettoyage ethnique se produira en septembre 2023, lorsque l’Azerbaïdjan relancera sa guerre coloniale et génocidaire, et renversera la démocratique République d’Artsakh.

La France, qui a verbalement soutenu l’Arménie (afin notamment, d’y lutter contre l’influence russe) et qui s’apprête à lui vendre de l’armement, devient la cible idéale pour faire diversion : pointer du doigt les logiques coloniales d’un tiers, tandis que l’on poursuit soi-même une politique génocidaire à l’encontre du pays voisin. Il s’agit également pour l’Azerbaïdjan de se prémunir contre toute critique, lorsqu’elle installera ses premiers colons sur les terres arméniennes.

L’Azerbaïdjan ne se contente en effet pas d’éduquer son peuple via des programmes racistes – pour lesquels les « ennemis Arméniens » sont des « chiens » -, de les massacrer dès qu’il en a l’occasion, et de les expulser de leurs territoires ancestraux, mais s’attache également à détruire toute trace du patrimoine historique arménien qu’il trouve sur les « territoires libérés » à la suite de la guerre de 2020.

Entre juillet 2023 et aujourd’hui, le Groupe d’Initiative de Bakou a organisé plusieurs conférences en Azerbaïdjan, en Suisse, aux États-Unis, et en Turquie, auxquelles se sont rendus des militants de plusieurs partis indépendantistes kanaks, dont nous tairons les noms ici, car notre but n’est pas de les exposer.

Les manipulations des agents de Bakou étaient par ailleurs assez visibles : dans sa communication, le Groupe d’Initiative de Bakou se plaisait ainsi à photographier et filmer des drapeaux azerbaïdjanais dressés sur des stands, et des portraits d’Ilham Aliyev brandis par des manifestants cooptés. La stratégie est limpide : après avoir faire diversion pendant le nettoyage ethnique, il s’agissait désormais de faire passer l’Azerbaïdjan pour une « nation anticoloniale ». Comble de l’hypocrisie, quand la nature criminelle du régime d’Aliyev est précisée.

Il convient de préciser que cette tribune ne vise pas à décrédibiliser le mouvement anticolonial kanak, dont les luttes sont semblables à plusieurs égards à celles des Arméniens, ni à être récupérée par tout mouvement loyaliste et/ou d’extrême-droite.

Ce que nous voulons, c’est avertir : se rendre aux événements du Groupe d’Initiative de Bakou et participer à ses mises en scène, c’est indirectement se rendre complice du sort des Arméniens d’Artsakh, et de la poursuite de la politique génocidaire engagée à l’encontre de tous les Arméniens par l’Azerbaïdjan.