Le 23 janvier 2024, Adela Naibova publie sur Instagram une photographie d’elle et Rachida Dati, nouvelle Ministre de la Culture, prise lors de la cérémonie des vœux à la Mairie du 7ème arrondissement.
La proximité entre Rachida Dati et la dictature azerbaïdjanaise n’est plus à prouver. L’article « Liens encombrants avec l’Azerbaïdjan : Rachida Dati rattrapée par le caviar de Bakou » de Laurent Léger, paru dans Libération, le documentait de manière très complète.
Or, si Rachida Dati essaye effectivement de dissimuler ces liens depuis 2018, la photographie ci-dessus avec Adela Naibova n’est pas anodine. Cette-dernière est en effet l’une des « têtes » de la nouvelle génération du lobby azerbaïdjanais en France.

Adela Naibova, née le 14 novembre 1998 à Bakou, a grandi à Rouen, avant d’aller étudier à Paris. Elle apparaît dès 2017 à des manifestations pro-Azerbaïdjan organisées à Paris aux côtés de Mirvari Fataliyeva, « coordinatrice » du lobby en France, et de Mehri Güliyeva.


La même année, elle apparaît sur une photographie prise à l’ambassade d’Azerbaïdjan aux côtés de sa mère. Adela Naibova se retrouve donc très vite à côtoyer le personnel de l’ambassade ainsi que les membres du lobby azerbaïdjanais comme François Mancel.


C’est ainsi qu’entre 2018 et 2020, Adela Naibova enchaîne les postes au sein des instances de représentation azerbaïdjanaises en France : la Fondation Heydar Aliyev d’abord (pour laquelle, à noter, elle se rend « to work » à l’ambassade d'Azerbaïdjan), puis à l’ambassade d’Azeerbaïdjan elle-même.



Avec les représentants d’Aliyev en France, Adela Naibova renforce son réseau, et participe sans doute directement aux travaux du lobbying de l’Azerbaïdjan. On la voit à l’Assemblée Nationale aux côtés de Günel Safarova et de Pierre-Alain Raphan, ancien président du Groupe d’amitié France-Azerbaïdjan.



Adela Naibova participe à l’organisation d’événements, dont le stand de l’Azerbaïdjan au Village des Thés, sur la place Saint-Sulpice. On note, aux côtés des membres de l’ambassade d'Azerbaïdjan et de ses lobbyistes, la présence de la « journaliste de Report.az », Vusala Aliyeva.

Adela Naibova coorganise aussi un événement en février 2020 à l’Ecole EAC. On voit sur le document photographié que la « journaliste d’Azertac », Shahla Aghalarova, est chargée de mission à l’ambassade d'Azerbaïdjan.

En mars 2020, Adela Naibova participe à une table ronde au Centre culturel d’Azerbaïdjan à Paris, aux côtés des même personnes qu’en février de la même année : Florence Gabay, Hélène Pichon et Shahla Aghalarova.

En parallèle de ses activités, Adela Naibova devient une « correspondante » pour la télévision azerbaïdjanaise en France au moment de la crise sanitaire. Elle affirme également à ce moment-là être coordinatrice en France de l’organisation Azerbaidjan Diaspora Youth.

Adela Naibova, donc très active pour la représentation azerbaïdjanaise en France, retrouve aussi régulièrement ses amis à l’ambassade et au Centre culturel d’Azerbaïdjan (et ce, encore aujourd’hui). Parmi eux, on relève notamment Ibrahim Diawara et Melisa Kilinc.


La première est présidente de l’Association des Etudiants de Turcologie (ADET) à l’INALCO, et le second était lui-même étudiant à l’INALCO, et participe à des événements culturels organisés par l’association.



Un de leurs points communs ? Ils n’hésitent pas à se photographier faisant l’équivalent turc du salut fasciste, le signe des « Loups Gris », organisation néo-fasciste recommandée en 2021 par le Parlement européen pour être ajoutée sur la liste des organisations terroristes.



Encore conseillère à la communication et à la culture à l’ambassade d’Azerbaïdjan à Paris, Adela Naibova cofonde le Caspian Research Center, avec Alban Claude et Mahir Huseynov. Elle est inaugurée au Centre culturel de l’ambassade d’Azerbaïdjan en janvier 2020.


Alban Claude et Mahir Huseynov sont respectivement, d’après leurs profils LinkedIn, conseiller technique en charge des discours au Ministère de l’Intérieur, et Chargé de Mission Transformation à AXA. Aucun de leurs profils ne mentionne le Caspian Research Center.


Le Caspian Research Center est, dès sa création, profondément lié aux autres entités d’Aliyev et de lobbying azerbaïdjanais en France : l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan, Dialogue France-Azerbaïdjan, et évidemment l’ambassade et le Centre culturel d’Azerbaïdjan.




Le Caspian Research Center collabore donc, pour l’organisation de leurs événements, directement avec l’ambassade d’Azerbaïdjan, mais aussi avec l’ADET de Melisa Kilinc.

Pour ses publications, le Caspian Research Center diffuse la propagande de la dictature azerbaïdjanaise, en particulier à propos de l’Artsakh, mais de manière « ludique », et en essayant de se faire passer pour une « plateforme de recherche et de débat ».




Dans le même temps, Adela Naibova s’engage politiquement auprès de l’aile jeunesse du parti politique Horizons. Elle collabore à l’un de ses comités, dans le 18ème arrondissement de Paris. Elle fait même partie du staff lors du Congrès 2023 du parti…


…Tout en continuant de fréquenter les têtes les plus importantes de la représentation de l’Azerbaïdjan d’Ilham Aliyev en France, à l’ambassade et au Centre culturel d’Azerbaïdjan, mais aussi à l’UNESCO, où elle est plusieurs fois maîtresse de cérémonie pour des événements.



Adela Naibova ne cache d’ailleurs pas une certaine admiration pour le dictateur d’AZ, qu’elle mentionne et dont elle publie la photographie pour célébrer la victoire de l’Azerbaïdjan lors de la Guerre des 44 Jours, en novembre 2020.


En dépit de son rôle pour le lobbying de la dictature, le Caspian Research Center, est partenaire, en février 2024, dans l’organisation d’un événement Erasmus+, projet financé par l’Union européenne, à Plaisir.



Adela Naibova, proche d’ultranationalistes turcs, de la représentation diplomatique azerbaïdjanaise et des têtes du lobbying d’Aliyev en France, est elle-même une nouvelle tête de ce lobbying via le Caspian Research Center. Sa photographie aux côtés de Rachida Dati en janvier 2024 n’est pas une coïncidence, et la stratégie d'influence azerbaïdjanaise via cette association et ses événements financés par l’UE doit être mise en lumière.