Ces derniers mois, Anastasia Lavrina nous a permis, en les mettant en scène dans ses publications, de montrer l’activité de certains agents d’influence de l’Azerbaïdjan en France : parmi eux, on trouve Olivier Pardo.
Déjà assez connu, mais peut-être pas assez l’avocat Olivier Pardo est né le 19 décembre 1958 à Marseille. D’après plusieurs sources en ligne, il serait d’origine grecque par sa mère, et turque par son père.

Le 22 janvier 2024, Olivier Pardo apparaissait interviewé par Anastasia Lavrina, sur une émission de la chaîne CBC TV Azerbaidjan. Il s’y appliquait à reprendre les thèmes de la propagande azerbaïdjanaise sur de l’Artsakh et de son « occupation ».

Il n’en est pas à son coup d’essai. En effet, aujourd’hui connu pour être l’avocat de l’homme politique d’extrême-droite français Eric Zemmour, Olivier Pardo a également longtemps été l’avocat de l’Azerbaïdjan en France.

C’est en effet Olivier Pardo qui, en 2015, a représenté l’Azerbaïdjan après que celui-ci ait attaqué l’émission Cash Investigation pour diffamation pour avoir qualifié le pays de dictature. La dictature a bien heureusement perdu son procès.



Olivier Pardo a cofondé le cabinet d’avocats Oplus, dont les autres associés sont Jonathan Siahou, Laurence Dauxin-Nedelec, Nathalie Makowski, Benjamin Mathieu, Antoine Cadeo de Iturbide et Baptiste de Fresse de Montval. Au 10 décembre 2019, avant que la société P2S ne devienne Oplus, Olivier Pardo en possédait 90 % des parts et Jonathan Siahou, 10 %.


En 2015, Laurence Dauxin-Nedelec était avocate de l’Azerbaïdjan avec Olivier Pardo. Et tout comme lui, elle ne s’est pas contentée de cette fonction, puisqu’elle a aussi participé à une opération médiatique pour l’Azerbaïdjan en 2021.


Cette année-là, les associés du cabinet Oplus (Jonathan Siahou, Laurence Dauxin, Nathalie Makowski, Benjamin Mathieu, Antoine Cadeo de Iturbide et Baptiste de Fresse de Montval) signent une pétition reprenant tous les thèmes de la propagande azerbaïdjanaise.


De son côté, dès 2017, Olivier Pardo se mue en communicant pour l’Azerbaïdjan en France. Il participe, voire initie, des actions d’influence azerbaïdjanaises en France. Il dit en mars 2017 s’être « passionné pour ce pays merveilleux, l’Azerbaïdjan », et avoir voulu « à [son] nom propre […] utiliser des moyens modernes de communication » et publie une pétition pour faire reconnaître le « génocide de Khojaly ».

Coup pour coup, en mars 2017, Olivier Pardo publie la pétition et participe à une manifestation contre la venue du président arménien Serj Sargsyan. Il y est vu près de Mirvari Fataliyeva, secrétaire générale de l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan.



En mars 2020, Olivier Pardo est présent à la présentation du livre de l’ancien ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayev, coorganisée par Emmanuel Dupuy (sujet de la précédente publication) et l’Association Dialogue France-Azerbaïdjan.

En 2019/20, le cabinet OPlus se targuera, sur son site avec une image du Centre Heydar Aliyev de Bakou, d’avoir selon La Lettre, « forcé préfets et diplomates à recadrer les maires » ayant signé des chartes d’amitié avec les autorités d’Artsakh.



En mai 2021, Olivier Pardo déclare en effet que son cabinet continuera à travailler « jusqu’à ce que la dernière des Chartes d’Amitié soient annulées ». Depuis 2015, il s’évertue à faire annuler ces chartes, faisant pression sur le Quai d’Orsay.


Mais Olivier Pardo ne s’est pas uniquement mis au service d’une dictature : il a également été l’avocat en 2019 du négationniste Maxime Gauin, débouté de ses demandes après avoir attaqué en diffamation ceux l’ayant qualifié de négationniste.


Mais pour mieux comprendre le parcours d’Olivier Pardo, il est important de mentionner celle qui l’a sans doute introduit à l’ambassade d’Azerbaïdjan en France: Rachida Dati, ancienne Ministre de la Justice et actuelle Ministre de la Culture. Inutile de rappeler les liens entre l’Azerbaïdjan et Rachida Dati : ils sont innombrables entre 2010 et 2018 (date à laquelle paraît un reportage Cash Investigation affichant ces relations, et à partir de laquelle elle se fait peut-être plus discrète).




Un article paru en février 2024 sur un média azerbaïdjanais se réjouit de la nomination de Dati au Ministère de la Culture, et affirme qu’elle s’est liée à Olivier Pardo, son avocat, qui l’aurait même conseillée lorsqu’elle était Ministre de la Justice.

En effet, en 2019 par exemple, Olivier Pardo apparaît comme l’avocat de Rachida Dati dans l’affaire Carlos Ghosn pour laquelle elle est poursuivie pour "corruption passive", "trafic d'influence passif" et "recel d'abus de pouvoir" depuis 2021.


En 2021, Olivier Pardo et Rachida Dati apparaissent tous deux mandatés par le gouvernement congolais de Félix Tshisekedi contre l’homme d’affaires israélien Dan Gertler.


Ensemble, Rachida Dati et Olivier Pardo le sont aussi en 2024 lorsqu’ils sont « soupçonnés d’avoir eu un rôle actif dans la tentative avortée de soutirer plusieurs milliards d’euros [à Total Energies] pour le compte de l’affairiste André Guelfi. ».

Enfin, les bureaux d’Olivier Pardo et Rachida Dati sont perquisitionnés par la police en 2023. Un homme aurait été forcé de rendre des documents au Qatar lors de réunions avec ses avocats, dont Pardo, pour lequel Dati aurait été intermédiaire.

Olivier Pardo est donc à plusieurs égards à voir comme un relais actif pour l’Azerbaïdjan en France. La propulsion de sa cliente et partenaire professionnelle Rachida Dati au poste de Ministre de la Culture en 2024 est sous cet aspect assez alarmante.